à mon frère Yves
EXPOSITION Sainte Anne à Arles OCTOBRE 2015

Ces photographies paraîtront sans doute ‘’ordinaires’’ aux yeux de beaucoup.
Elles ne présentent aucune originalité de style, elles ne tentent pas d’aborder des ‘’rivages nouveaux’’.
Elles représentent simplement des lieux, des situations, des personnes qui m’ont marqué à un titre ou à un autre depuis mon adolescence.
En ce sens elles sont uniques.
Car elles fixent de petits instants de bonheur simple, de douleur du quotidien, avec le sentiment diffus du temps qui passe, instants qui ne pourront être à nouveau vécus.
Si par le jeu des correspondances et des analogies quelques résonances de ces instants parviennent jusqu’à vous, ce sera le miracle de la photographie, cet art de l’éphémère éternel.
J’ ai associé dans ce jeu de ‘’correspondances’’ des extraits de poèmes que mon frère Yves a écrits durant les mêmes périodes.
Il ne faudra pas y chercher une relation concrète mais cette fois encore des filiations sensibles.
Michel Lacanaud
Mon enfant est par delà la prairie,
Il joue avec la lumière qu’il apprivoise.
Viens Mathieu! viens, nous n’irons pas plus loin
que la maison du gaudre,
Pour ensemble se tenant la main, mon enfant,
Voir étonné les lapins jouer sur l’herbe di estoublo.
Je m’adresse à toi quand je suis triste, triste seulement,
Puis le ciel d’orage se déchire.
Avec la pluie, écoute ô mon âme
au gré de lames lourdes
Ecoute-la monter à toi chargée des senteurs
De la terre.
La complainte des eaux se donnant
A la terre qui se noie.
Ecoute aussi ma voix
Eraillée que le vent t’apporte
Mon esprit est dans la tourmente du jour qui tombe
Je cours vers toi mon enfant aux yeux d’or.



Voilà mes mains blanchies de soleil
Et quelques olives à nous préparer ce soir.
La lumière dans les branches
joue avec les perles d’eau qui scintillent
Et font aux yeux des taches irisées.
Invitant Rimbaud à être le capitaine
De cet esquif pas même à la dérive,
Nous avons descendu l’aube de nos abîmes.
Je t’attendrai, la lampe du jour posée devant la porte.
Je suis Arlequin…
Tu sais le pantin…qui rebondit
Dans ton âme, et sur l’écho de la vie,

ne sois plus triste petite fleur  je suis en toi

Si tu le veux serait Pierrot, ton ami…
Qui revient avec la lune.
Je suis ce voyageur qui, assis devant sa porte pour
s’occuper tisse de beaux voiliers dans les branches
des arbres et les jette aux  vents.
Le ciel est comme une vitre givrée
Et se reflète dans l’eau grise du marais.
Voilà bien du temps que je passe le temps
A refaire ta figure d’amitié dans ma mémoire
Assis devant ma porte, un chien fidèle auprès de moi.
J’écrivais en ce temps-là des bateaux dans le ciel,
Des bateaux en partance pour des miroirs.
J’ouvrais le ventre de la terre
Pour y chercher des villes mortes,
Avant de te quitter
J’ai refermé la clé du clos
Sur les grands labours de l’âme.
Ce matin était si calme, dans ce petit point du jour
Les brumes de l’aube traînaient encore de longs voiles blancs
Devant des dentelles d’arbres où pendaient comme des lustres


Des gouttes de givres scintillant, teintées de petits éclats dorés.
Descendant les pavés de seine, bardés de rèves


Nous primes d’assaut, pour gabare, un si joli chaland,
Les cales pleines des vins âpres, de nos grèves.
Là, les chevaux vivaient en paix l’amour des choses.
Le cheval est venu mettre son naseau
à la clôture.
Laure, près de moi, mais toujours si lointaine,
Murmure des chants que le vent lui apporte.
Mon enfant est par delà la prairie,
Il joue avec la lumière qu’il apprivoise.
Avec la pluie, écoute ô mon âme
au gré de lames lourdes
La complainte des eaux se donnant
A la terre qui se noie.
C’est dans ce clair matin que je suis sorti effrayé de les voir,
Après avoir jeté mes beaux outils devant la pierre cassée,
J’ai fait le reste de l ‘approche
La peur des bêtes en moi, un cheval
Inquiet a tressailli de me voir.
J’écrivais en ce temps-là des bateaux dans le ciel,

Des bateaux en partance pour des miroirs.
Ecoute aussi ma voix
Eraillée que le vent t’apporte



Je caressais les pierres pour écouter leurs couleurs
Chante mes rudes ciselures….
Puis le ciel d’orage se déchire
Ecoute-la monter à toi chargée des senteurs de la terre
Je m’adresse à toi quand je suis triste, triste seulement,

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